16.
Selene

 

Juin 1982

 

La Déesse en soit louée, mon petit garçon est enfin là. C’est un gros bébé parfait, qui a mes cheveux fins et noirs et de drôles d’yeux couleur ardoise qui changeront de teinte plus tard. Norris Hathaway et Helen Ford m’ont servi de sages-femmes – et m’ont sans doute sauvé la vie – pendant l’accouchement. L’accouchement ! Par la Déesse, je ne me doutais pas que c’était si douloureux. J’ai eu l’impression qu’on m’écartelait, qu’on m’éventrait, que je donnais naissance à un nouvel univers. J’ai beau avoir essayé d’être forte, j’admets que j’ai crié, que j’ai pleuré même. Lorsqu’il a commencé à sortir, Norris l’a attrapé par les épaules. J’ai baissé la tête pour regarder mon fils voir le jour et mes larmes de douleur se sont transformées en larmes de joie. Il n’y a pas de magye plus puissante que celle de l’enfantement.

Son baptême aura lieu la semaine prochaine. J’ai décidé de l’appeler Calhoun, le Guerrier en gaélique. Et Sgàth sera son nom de sorcier. Sgàth signifie « ténèbres ». Mais de douces ténèbres, comme ses cheveux.

Daniel n’a pas assisté à la naissance. Il est bien trop faible. Il se lamente sur son Angleterre natale et la catin qu’il y a laissée. S’il m’ignore toujours, notre enfant le remplit de joie. Peut-être que, grâce à lui, Daniel trouvera son bonheur auprès de moi. Il vaudrait mieux pour lui.

Maintenant que le bébé est né, j’ai hâte de rejoindre Amyranth. Ces derniers mois, le coven a œuvré au pays de Galles et en Allemagne pendant que je rongeais mon frein. De cette dernière expédition, les autres membres ont rapporté des livres anciens sur les forces obscures que je me languis de découvrir. J’éprouve une satisfaction intense à l’idée que Cal grandira au sein d’Amyranth : il sera le fils du coven autant que le mien. Lui, mon instrument, mon arme.

 

S.B.

 

* * *

 

Même si elle nous attendait, Selene ne nous a pas facilité la tâche : il nous a fallu plusieurs minutes pour trouver les contours invisibles de la porte. Je les ai localisés grâce à un sort de révélation d’Alyce et à mon athamé.

Pendant que Hunter dissipait les sorts de dissimulation et de verrouillage, je devais rester concentrée pour lui transmettre une partie de mon pouvoir. La magye de Selene me donnait des frissons, comme si des milliers d’aiguilles se plantaient partout dans mon corps.

Il m’a semblé que des heures s’étaient écoulées lorsque enfin Hunter a réussi à ouvrir la porte. Une vague de ténèbres malsaines a déferlé sur nous, comme pour nous attirer à l’intérieur. Par réflexe, j’ai reculé d’un pas, tout en ajoutant une volée de sorts de protection contre le mal à tous ceux dont Hunter et moi nous étions déjà entourés. Le rire de Selene, doux et sombre comme du velours noir, a retenti. Alors, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis entrée dans sa tanière.

La bibliothèque était plongée dans l’obscurité. Seuls quelques cierges noirs plus hauts que moi diffusaient un peu de lumière ici et là. Je me souvenais que les murs étaient tapissés d’étagères garnies de livres, qu’un canapé en cuir et un grand bureau occupaient le centre de la pièce et que plusieurs vitrines abritaient des cristaux et autres pierres précieuses. Là encore plus qu’ailleurs, la magye noire de Selene était palpable dans l’air, ses expériences et ses sorts interdits imprégnaient l’atmosphère. Les picotements sur ma peau ont repris de plus belle lorsque j’ai inspecté la pièce à la recherche de ma sœur.

Hunter est entré derrière moi. Je sentais sa colère, son indignation devant un tel détournement de la magye.

— Morgan !

La petite voix de Mary K. venait d’un recoin obscur. En déployant mes sens, je l’ai repérée : elle se tenait de l’autre côté, blottie contre le mur. Je l’ai rejointe tout en guettant la présence de Selene.

— Ça va ? lui ai-je demandé en m’agenouillant près d’elle.

— Je ne sais pas comment je suis arrivée ici, a-t-elle murmuré en posant la tête contre mon épaule. Qu’est-ce qui se passe ?

Sa voix était pâteuse, comme si elle venait de se réveiller. J’avais trop honte pour lui avouer que Selene s’était servie d’elle comme appât, qu’elle courait un terrible danger à cause de moi et de mon héritage wiccan. Alors, je me suis contentée de lui répondre :

— Ne t’inquiète pas. On va te sortir de là.

Elle a hoché la tête avant de retomber dans une sorte de sommeil comateux. On l’avait ensorcelée pour qu’elle se montre docile.

Soudain, la colère s’est emparée de moi. Je me suis relevée. Hunter se trouvait toujours près de la porte, qu’il avait bloquée à l’aide d’un coffre en bois pour l’empêcher de se refermer.

Où était Selene ? J’avais entendu son rire. Bien sûr, il s’agissait peut-être d’une illusion. Le souffle court, j’ai balayé du regard la pièce jusque dans les recoins les plus sombres.

Il me fallait de la lumière. Une par une, j’ai allumé les nombreuses bougies et chandelles qui ne l’étaient pas encore, d’un simple effort de volonté ; les ténèbres ont peu à peu disparu.

— Bravo, a clamé Selene. Tu es donc une fée du feu. Comme Bradhadair.

Bradhadair était le nom de sorcière de ma vraie mère, Maeve. En me tournant, j’ai vu la silhouette de Selene sortir de l’ombre d’une étagère. Elle était plus belle que jamais, avec ses cheveux couleur de nuit et ses yeux dorés comme ceux de Cal. C’était elle, sa mère, qui avait fait de lui ce qu’il était devenu.

Elle portait elle aussi sa robe de sorcière, une tunique de soie rouge écarlate couverte de caractères appartenant à l’alphabet ancien qu’elle avait utilisé pour sceller la porte. Alyce l’avait appris dans le seul but de pouvoir le reconnaître et le neutraliser : ces runes maléfiques ne pouvaient servir qu’à la magye noire.

— Morgan, je te remercie d’être venue. Je suis désolée d’avoir eu recours à de telles méthodes, mais tu ne m’as pas laissé le choix. Je t’assure que je n’ai fait aucun mal à ta sœur. J’espère que tu me pardonneras, a-t-elle susurré avec un sourire charmeur.

Du coin de l’œil, j’ai vu Hunter longer le mur pour que Selene se retrouve entre nous deux. Avant, j’admirais cette femme, son pouvoir, sa beauté ; je voulais lui ressembler en tout point. Depuis, j’avais revu mon opinion.

— Non, ai-je lâché.

— C’est terminé, Selene, a ajouté Hunter d’une voix glaciale. Tu peux dire adieu à Amyranth.

Amyranth ? me suis-je demandé. Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Morgan ? a repris Selene en ignorant Hunter.

— Non, je ne vous le pardonnerai jamais.

— Tu ne comprends pas bien la situation, a-t-elle poursuivi patiemment. Hunter n’est qu’un faible, un sorcier mal conseillé. On se fiche bien de lui, pas vrai ? Il ne vaut rien. Mais toi… toi, tu as un potentiel incroyable.

Un nouveau sourire s’est glissé sur ses lèvres, lui donnant une expression sinistre.

— Si tu me rejoins, tu deviendras la plus puissante d’entre les sorcières. Tu es l’une des rares qui soient dignes de notre coven. Avec tes pouvoirs et tes outils, tu pourrais nous apporter beaucoup…

Instinctivement, j’ai resserré mes doigts autour de mon athamé et de ma baguette.

— Non, ai-je répété.

Mes sens m’ont tout de suite avertie de la fureur qui montait en Selene – fureur qu’elle a aussitôt réprimée. Elle ne se maîtrisait donc pas autant qu’elle l’aurait dû. J’ai inspiré profondément pour garder mon sang-froid : j’ai tenté de me détendre, de relâcher ma colère, ma méfiance, mon désir de vengeance.

L’instant d’après, j’étais pliée en deux, le souffle coupé, terrassée par une douleur insupportable. Je me suis retrouvée à quatre pattes, hurlant comme si on m’avait éventrée.

— Morgan ! a crié Hunter.

Je l’entendais à peine. Je vivais un instant de torture insupportable qui me coupait du reste du monde. Incrédule, j’ai baissé les yeux, m’attendant à voir mes entrailles pendre jusqu’au sol, tranchées par une hache invisible. Pourtant, j’étais entière, indemne en surface.

C’était une illusion. Mon cerveau le savait, cependant, mon corps, lui, l’ignorait et se tordait de douleur. Selene souriait, comme si elle se félicitait de me voir agoniser.

— Morgan, reprends-toi ! a lancé Hunter. Lève-toi ! Tu es plus forte que ça !

C’est une illusion, me suis-je répété. J’avais l’impression d’être en train de mourir. Non ! J’étais Morgan, de Kithic et de Belwicket. Dans mes veines coulaient le sang, la puissance ancestrale des sorciers Woodbane.

Je n’ai pas mal, ai-je pensé. Je n’ai pas peur.

Doucement, je me suis relevée, serrant mes outils dans mes poings. Oui, mes outils. Ils n’appartenaient plus à Maeve. Plus maintenant.

Je ne suis que force. Puissance. Et magye.

J’ai regardé mon ennemie droit dans les yeux et, l’espace d’un instant, j’y ai lu de l’inquiétude. Non, plus que de l’inquiétude. De la peur.

Soudain, elle s’est tournée vers Hunter et a tendu les doigts. Je m’attendais à ce qu’elle lui lance une boule de feu bleue, je me trompais. Il a aussitôt levé les mains pour tracer des sceaux dans l’air. Même si je ne voyais rien, je comprenais à l’expression de Hunter qu’elle essayait de lui infliger la même torture qu’à moi. Lui aussi résistait.

Cependant, nous ne pouvions nous contenter de nous défendre. Il fallait la battre, la neutraliser d’une façon ou d’une autre. J’ai passé en revue les connaissances d’Alyce : rien ne me semblait convenir.

Hunter a alors sorti le braigh, la chaînette en argent qui, une fois passée aux poignets d’un sorcier, neutralise ses pouvoirs.

Nullement impressionnée, Selene lui a jeté un regard méprisant avant de se diriger vers moi dans un frou-frou de soie.

— Morgan, sois raisonnable, m’a-t-elle conseillé. Rappelle ton chien de garde. Tu as le potentiel pour devenir une des plus grandes sorcières de tous les temps : tu es une vraie Woodbane, une Woodbane pur sang. Tu ne peux plus nier ton héritage. Rejoins-nous.

— Non, Selene.

J’ai appelé la magye, en fredonnant mon chant de pouvoir.

En face de moi, le beau visage s’est soudain crispé pour me rappeler à qui j’avais affaire. Le Grand Conseil la recherchait depuis des années et la soupçonnait d’être impliquée dans une série de meurtres de sorciers. Je tentais de garder mon calme, tout en espérant qu’une brigade envoyée par le Conseil allait faire irruption dans la pièce pour nous aider. Nous étions venus seuls. C’était stupide. Pire, c’était de la folie.

Hunter s’est avancé vers elle. Ses lèvres murmuraient une incantation et ses yeux lançaient des éclairs : il commençait le sort d’entrave qu’il utilisait en tant que Traqueur. Manifestement agacée, Selene s’est contentée de lever la main. Hunter s’est arrêté net, l’air étonné. Puis il a repris son incantation, et elle l’a de nouveau stoppé.

J’ai tenté de comprendre ce qui se passait. En fermant les yeux, j’ai perçu les barrières que Selene dressait et que Hunter brisait au fur et à mesure, mais il n’était pas assez rapide pour suivre le rythme. J’ai aussi discerné les premiers rubans de pouvoir que j’avais appelés. Ils se dirigeaient vers moi, prêts à m’emplir de leur énergie. J’allais les accueillir lorsque Selene m’a interrompue :

— Morgan, tu ne veux pas connaître la vérité sur la mort de ta mère ?

Le danger
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